Lorsque l'on démarre une nouvelle activité, on progresse très rapidement mais vient toujours le moment où l'apprentissage n'est plus seulement un jeu mais aussi un effort. C'est ici que la discipline est nécessaire parce qu'à un moment ou un autre, quelque soit le sujet, ça va être difficile. Difficile au point que vous envisagiez d'abandonner.
Il y a deux semaines, je vous disais à quel point être nul est galvanisant. À quel point on acquiert rapidement ses premières mini compétences sur un nouveau sujet. À quel point c'est satisfaisant. A mes yeux, ce ne sont pas ses premiers pas qui sont les plus difficiles, ce sont les suivants. Lorsque je démarre, il y a l'attrait de la nouveauté et la fascination de me voir quitter le stade zéro... Et puis, ça s'émousse et le jeu de l'apprentissage n'est plus seulement un jeu, c'est aussi un effort. C'est à ce stade que je teste ma motivation. Est ce que j'ai envie d'aller plus loin ? Sachant le temps et les efforts nécessaires, est ce que j'en ai envie ? Pourquoi ? Définir cela m'aide parce que je sais que le plaisir ne sera pas suffisant.
Les gens me demandent parfois comment je fais pour trouver la motivation sans cesse renouvelée de faire des sorties vélo. C'est simple, je ne la cherche pas. Je ne sors pas parce que je suis motivée à faire du vélo ce jour là. Je sors parce que je suis motivée à atteindre les objectifs que je me suis fixée et que, pour cela, il faut faire des sorties vélo.
On ne peut pas être motivée tout le temps, c'est impossible. Et lorsque la motivation est absente, c'est la discipline qui prend le relais. Je suis très disciplinée, très volontaire, c'est un trait de caractère qui est souvent relevé (malheureusement pas sur tous les sujets)(beaucoup plus concernant l'activité physique que l'administratif par exemple...). Cette discipline me structure et j'ai un besoin vital de structure. Je m'éparpille vite, aussi bien dans mes tâches que dans ma tête. Je ploie vite, je m'embourbe vite. Je suis convaincue que la discipline dont je sais faire preuve sur certains sujets me maintient la tête hors de l'eau. Ça passe pour une rigidité excessive aux yeux de certains mais ça représente, à mon sens, un véritable tuteur qui me permet d'avancer à peu près droit.
La discipline est nécessaire parce qu'à un moment ou un autre, quelque soit le sujet, ça va être difficile. Difficile au point que vous envisagiez d'abandonner. Et cette réalité dépasse largement le cadre seul du sport. L'autre jour, ma sœur (source d'inspiration inépuisable pour cette newsletter) me confiait une baisse de motivation quant à son activité. Elle me disait que c'était dur depuis un moment ce qui l'amenait à douter. Je lui ai rappelé que c'était normal que ce soit dur. Tout est toujours difficile à un moment. J'aime beaucoup donner des cours de yoga, j'aime les gens qui viennent, j'aime cet endroit que j'ai réussi à faire tenir sur ses pieds. Pourtant il y a des semaines où je rechigne, où j'en ai assez. Est ce que cela signifie que je dois arrêter ? Je ne pense pas. (Attention, mon propos n'est pas de tenir à tout prix. Si c'est un enfer et, surtout, que vous ne savez pas pourquoi vous le faites, s'il n'y aucune perspective positive à la clé, il faut se poser des questions).
Tout ne se fait pas dans le plaisir et la facilité, même ce que l'on a choisi. Je suis toujours surprise de l'association que les gens semblent si prompts à réaliser entre l'amour et la facilité. Si on aime, alors c'est facile. C'est faux. Et c'est toujours faux. Je veux dire : ce n'est jamais vrai. Dans le boulot, l'amour, le sport, tout, absolument tout. Après, je vous l'accorde, je suis quelqu'un d'assez fataliste donc cette conviction est peut être un biais personnel. Néanmoins, me dire que cette association est fallacieuse m'aide beaucoup à traverser les phases moins lumineuses. Lorsque je trouve ça dur de donner des cours, lorsque j'en ai marre de rouler des bornes, lorsque j'ai la flemme de venir sur mon tapis pour ma pratique de yoga, je ne remets pas toute ma vie en question. Je ne me dis pas que je me suis trompée. Je ne me pose pas de questions, j'enfile mes chaussures, je pousse la porte du studio, je passe l'aspirateur, j'installe mon tapis, j'accueille mes élèves et je me dis que ça va passer. Et ça finit par passer. Idem pour le vélo, je ne me laisse pas le choix, je monte sur ma selle et c'est récompensé lors de sorties géniales, des sorties que je n'aurais jamais pu réaliser sans toutes celles que j'ai tant voulu ne pas faire. Le yoga a une étiquette de plénitude scotchée mais vous ne devinerez jamais combien de pratiques j'ai passées à essayer de me concentrer plus qu'à ne l'être véritablement. De la même façon, je ne me laisse pas le choix et je déroule mon tapis parce que je sais qu'à un moment, qui sera peut être infime, j'aurais le sentiment d'être davantage présente, de cesser d'être éparpillée dans vingt mille choses et de revenir à moi. Et je sais que cette sensation est indispensable à mon équilibre mental, moi qui suis si prompte à me noyer. Etre disciplinée sur ces sujets en vaut la peine parce que je suis certaine que ça va m'apporter quelque chose qui est positif.
Pour conclure, je sais que la discipline n'est pas une valeur très sexy. On la trouve austère, ennuyeuse et trop contraignante. Pour autant, elle sera votre meilleure amie lorsque la motivation se sera faite la malle et que vous serez en galère parce que oui, vous serez en galère à un moment, c'est le propre de l'apprentissage.
Il y a deux semaines, je vous souhaitais d'être nuls. Aujourd'hui, je vous enjoins à galérer. C'est normal que ce soit difficile mais si l'on sait pourquoi on le fait, où on veut aller, ça en vaut la peine. Ça ne veut pas dire que ça fonctionnera, mais ça vaut quand même franchement le coup de tenter.