Je regarde avec plaisir les photos d'intérieur de maisons. J'observe la déco, les aménagements, les meubles. Je suis toujours curieuse des ambiances qui sont créées, toujours intéressée par la façon dont on peut créer une ambiance, d'autant plus que je suis plutôt nulle pour ça.
Je regarde avec plaisir les photos d'intérieur de maisons. J'observe la déco, les aménagements, les meubles. Je suis toujours curieuse des ambiances qui sont créées, toujours intéressée par la façon dont on peut créer une ambiance, d'autant plus que je suis plutôt nulle pour ça.
Lorsque je suis partie de la maison de mes parents à 18 ans, j'ai loué une chambre dans l'appartement d'une dame à Paris. À part déposer mes classeurs, trousse, cahiers, livres dans cet espace riquiqui, je n'ai rien fait. Je n'étais pas chez moi. Ensuite, j'ai emménagé chez mon amoureux de l'époque. De peur de faire une faute de goût, il avait tout choisi en blanc. Les meubles, les murs, tout. J'ai eu l'impression d'emménager dans un hôpital et je me suis dit que, finalement, même quand on ne veut pas opter pour une déco particulière, on le fait tout de même. On la choisit ou elle s'impose mais aucun intérieur n'est jamais neutre. C'est vers 24 ans je crois, ou 25 ans (je suis absolument perdue dans la chronologie de ma vie) que j'ai emménagé seule dans un appartement à Vincennes. J'ai posé mes cartons, rangé mes affaires. Et c'est tout. Je me suis aperçue que j'adore entrer dans un intérieur décoré avec soin mais que je ne suis pas de celles qui prennent ce soin. J'avais besoin d'un bureau. J'ai récupéré une porte chez mes parents et acheté des tréteaux. À chaque fois que ma soeur venait, elle me demandait pourquoi je n'accrochais pas un tableau, une affiche, quelque chose aux murs. Je haussais les épaules. Je l'avais fait dans ma chambre chez mes parents. J'avais accroché une immense reproduction photographique et j'avais constaté qu'au bout de quelques semaines seulement, je m'en étais lassée. À force de l'avoir sous les yeux, je ne la voyais plus. J'aimais beaucoup cet appartement à Vincennes. J'avais un BZ en guise de lit, un fauteuil en velours côtelé orange et mon bureau porte-tréteaux. Quasiment tout venait du Boncoin. Lorsque mes amis venaient, ils me félicitaient sur mes solutions bricolées temporaires, sans savoir que je ne prévoyais pas de remplacer quoique ce soit. Je pouvais dormir dans mon lit, m'asseoir dans mon fauteuil et travailler à mon bureau, c'était bien, c'était suffisant.
Bien sûr il m'arrive de me pencher sur le sujet et de trouver des jolis meubles, des jolis bidules mais, à chaque fois, le prix m'effare. Je n'y tiens pas au point de dépenser ces sommes. J'ai aussi compris que, de toute façon, je n'ai pas vraiment envie de choisir non plus. Définir UNE ambiance me semble trop compliqué. Pour moi qui suis capable de m'habiller en mélangeant tous les motifs imaginables un jour puis de privilégier une tenue entièrement noire le lendemain, c'est trop radical. Je suis versatile, j'aime trop de choses, mes goûts ne sont pas assez homogènes. Au fil des années, je me suis également rendue compte que, ma décoration, ce sont mes affaires. Je ne dirais pas que je suis quelqu'un de bordélique parce que je sais où mes affaires sont rangées ; je ne cherche quasiment jamais rien. En revanche, je m'éparpille. Ce qui a rendu mon père complètement dingue lors de notre périple vélo l'an dernier. Cinq minutes après avoir franchi la porte d'un lieu, tu peux être sûr de retrouver ma pince à cheveux sur la table, mon sac dans le canapé, ma veste sur un dossier de chaise, etc. Je colonise l'espace, c'est ma façon de m'installer. Plus jeune, mes parents râlaient sans cesse parce que c'était impossible d'accéder à mon lit pour me souhaiter une bonne nuit à cause des piles de bouquins. Je ne vais pas vous mentir, j'avais la flemme d'ordonner tout ça mais, aussi, ce fouillis me rassurait. Entrer dans ma chambre et apercevoir ces livres, c'était comme m'enrouler dans une couette. Je ne décore pas ma maison mais j'y place des objets-doudous, des choses que j'aime, des trucs qui me rassurent, qui font barrière avec l'extérieur. Je ne vis pas comme une étrangère désintéressée dans mes propres murs comme on a pu parfois me le faire ressentir. Ma façon de décorer, c'est à travers ces objets sélectionnés parce qu'ils sont beaux, parce qu'ils sont drôles, parce qu'ils sont étonnants, parce qu'ils me rappellent quelque chose.
Il y a quelques mois, j'ai eu l'envie de modifier l'appartement dans lequel je vis actuellement, et j'ai été ravie de cet élan. Je l'ai saisi à pleines mains. Moi qui, justement, me contente souvent de ce qui est ("oui, les couleurs ne sont pas très jolies mais ça passe", "ok, le tiroir frotte un peu mais si on l'ouvre en le soulevant, ça fonctionne"), j'ai voulu m'investir. Clémence est venue m'aider et nous avons repeint la chambre. J'ai vidé la pièce, lessivé les murs. Ce sont des tâches qui prennent du temps mais j'étais contente de le prendre pour rendre ma maison plus à mon goût. J'adore la couleur choisie, un vert sapin très profond, tout à fait cohérente avec mon amour des ambiances tanières enveloppantes. Je vis dans cet appartement depuis trois ans. A l'exception de la maison familiale, je ne suis jamais restée dans un domicile aussi longtemps. Je crois aussi que c'est pour ça que je ne me suis jamais lancée jusqu'alors dans des tâches d'aménagement coûteuses en temps, en argent et en énergie. Je ne sais jamais combien de temps je vais rester. Mais, cet appartement, au bout de trois ans, je me rends compte que j’y suis attachée. Je m'y sens bien et je me vois y rester encore quelques années. Cette pensée est agréable, douce et elle m'a motivée à retrousser mes manches et à m'investir.
Désormais, j'ai hâte d'envelopper les scotchs, placer le lit et remettre les meubles en place. Je mettrais la parure de lit lilas que ma soeur m'a offerte à Noël. Je suis impatiente du premier réveil dans ces nouveaux murs.