J'ai quitté Paris à l'été 2016 pour m'installer à Dijon. Je m'y sens très bien mais le métro me manque. Oui, le métro parisien me manque.
J'ai quitté Paris à l'été 2016. Je venais d'y passer dix années, voire un peu plus si on intègre la banlieue dans le giron de la capitale puisque je suis née et ai grandi en Seine et Marne. Autrement dit, le RER est dans mon ADN.
J'ai quitté Paris pour plusieurs raisons. Je changeais de boulot donc le timing était opportun. Et puis, la ville me correspondait moins. Je la trouvais trop. Trop bruyante, trop encombrée, trop dense. J'avais fait un premier pas de côté en déménageant à Vincennes. Je courrais une fois par semaine dans le bois. Le samedi, j'allais nager et le dimanche, je prenais le train pour aller courir dans la forêt de Fontainebleau. Paris peut être vraiment géniale pour un certain mode de vie, mais ce mode de vie n'était plus le mien.
Je vis désormais à Dijon depuis 5 ans. Je m'y sens bien. Pour autant, certaines choses me manquent de Paris. La VO au cinéma me manque. Je sais à quel point cette phrase peut me faire passer pour snob mais j'apprécie tellement plus un film dans sa version originale. L'accès à un large choix d'expos me manque. Férue de photographie, j'avais une carte du musée du jeu de paume et une autre pour la maison européenne de la photographie. Enfin, le métro me manque. Oui.
Alors, attendez, pas le métro en lui même, non, le temps du métro. Ce temps suspendu où tu ne peux rien faire vraiment. Croyez-moi, je ne fantasme pas le métro parisien, j'y ai passé suffisamment d'heures pour savoir ce que c'est et, parfois, c'est surtout un temps passé avec le dos plaqué contre une porte de wagon et le nez enfoncé dans le manteau de la personne devant... . Toutefois, ces quelques minutes passées à écouter de la musique, lire, rêvasser, laisser mes pensées vagabonder me manquent. Aujourd'hui, si ce sont des activités que je veux avoir, il faut que je les prévois. Il faut que j'ouvre mon agenda et que je bloque le créneau de 10h à 10h30 pour "rêverie". Le métro ne me laissait pas le choix. En perdant cette habitude, je me suis rendue compte à quel point ces minutes de soupape étaient précieuses. A Dijon, je suis ravie de pouvoir tout faire rapidement et à vélo mais j'ai perdu ce temps mort imposé. Parfois, je choisis la marche à pied pour respirer dans ma tête mais je privilégie 98% du temps la rapidité de déplacement.
Heureusement, il reste le train. Je vais régulièrement à Paris et comme j'emmène mon vélo avec moi (parce que je ne veux pas prendre le métro)(laissez-moi tranquille), je prends le TER. Dijon-Paris, il faut compter 3h. Certaines personnes essaient parfois de me convaincre d'opter pour le TGV. Or, gagner 1h30 ne m'intéresse pas, parce que je n'estime pas que je la perds. Au contraire, ces trois heures m'appartiennent pleinement. Je suis dans un train, le champ des activités est donc limité, surtout dans un TER avec une connexion internet très aléatoire. Je n'ai pas vraiment d'autre choix que de me poser et ralentir. Je renoue avec ce temps suspendu du métro. J'écoute de la musique, je lis, j'écris. Je ne suis obligée de rien. Personne ne me jugera de ne rien faire. Ce sont trois heures qui sont vides dans un agenda et qui, pourtant, me sont tellement précieuses. Mon cerveau range les choses dans des cases, il fait du ménage, du tri. Je sors souvent du train avec les idées plus claires. A l'heure où l'efficacité et la productivité semblent être les nouvelles idoles de nos sociétés modernes, faire le choix de ces trois heures m'apparait comme un mini acte de résistance. Je n'opterai pas pour le TGV. Pendant ces trois heures, je ne ferai rien, rien de ce qui est considéré comme ayant de la valeur aujourd'hui mais qui est inestimable.